Document accessible à tous et très pédagogique, entrons ensemble dans le Recueil Méthodique de Principes d’Ecriture de P. Meyrat ! Dans ce premier article, je vais évoquer avec vous cet ouvrage afin de vous guider pas à pas dans la calligraphie des lettres minuscules.
Tenue pour écrire
Comme souvent dans les manuels de calligraphie, la posture et la tenue de la plume est un élément essentiel. Meyrat n’échappe pas à cette pédagogie : la première page nous donne à voir la manière de se tenir face à sa feuille & la manière de tenir le porte-plume.
Vient ensuite un petit point de vocabulaire calligraphique : l’écriture est comme une foule, composée d’êtres (nos lettres), dont on peut déterminer des parties (la tête, les pieds, etc.). Dans notre cas, les lettres se composent du grand classique « plein/déliés » : les pleins étant les parties les plus épaisses (résultat d’un mouvement descendant) et les déliés les parties les plus fines (résultat d’un mouvement remontant).
Les lignes d’écriture sont aussi nommées, ceci permet de bien porter l’attention des apprenants sur l’importance de ces repères qui permettent d’obtenir une belle régularité : des lettres mesurant toutes la même hauteur !
Enfin, la pente est abordée : la cursive étudiée dans cet ouvrage est une cursive que l’on appellerait « italique » aujourd’hui.
Il me semble important de souligner que tout est détaillé selon le principe des fractions. De nos jours, dans les manuels, on parle d’angle, de millimètres etc. Nous sommes à l’ère du numérique bien entendu. Je pense cependant que le système des fractions est bien plus approprié pour l’apprentissage de la calligraphie. Il s’agit de travailler sur notre intelligence spatiale : être capable de prendre des repères dans des espaces afin de conserver l’harmonie des proportions de la lettre. Le système des fractions permet de travailler sur la compréhension des proportions. Calligraphier, comme dessiner, c’est avant tout être capable d’observer !
La première leçon pratique à proprement parler porte sur les pleins droits. Cette forme est essentielle car elle constitue une grande part des lettres de l’alphabet. Obtenir un plein bien droit, bien constant, bien régulier dans son épaisseur n’est pas une mince à faire lorsque l’on débute. Prenez le temps de tracer ces pleins, lentement, en analysant votre geste pour tenter de résoudre ce qui peut entraîner des tremblements et autres. En ajoutant un délié inférieur, on est déjà capable de tracer nos premières lettres minuscules ! Le « i », le « u », et le « t » ! Observez bien l’endroit où se noie le plein. Le délié s’amorce en effet avant de tourner au bas du plein dans le « i » par exemple. Ceci est tout à fait logique : lorsque vous arrivez dans un virage, vous ralentissez. De même, avant d’arriver à la fin du plein, ralentissez encore davantage, et relâchez la pression de la plume pour créer un bel arrondi !
Lorsque vos pleins deviennent réguliers, et que vous parvenez à tracer de beaux déliés qui contrastent avec les pleins par leur finesse, vous pouvez vous exercer aux déliés supérieurs. Ces formes permettront de tracer les lettres « n », « m », « p », « r ». En ajoutant un délié inférieur, vous serez en mesure de tracer les lettres « v » et « w ». Il est temps de s’entraîner au mot « minimum » ! Exercice classique des calligraphes, ce mot permet de sentir le rythme calligraphique et d’exercer son regard aux espacements des lettres dans le mot.
Meyrat vous initie enfin aux lettres ovales pour conclure les minuscules simples. Nommée aussi ellipse, elle est la forme de base de l’anglaise. Si vous regardez attentivement les lettres « n », vous y trouverez aussi l’ellipse cachée 😉 Cette forme de base est la plus ardue à maîtriser, les pleins doivent arriver progressivement, observez le vide à l’intérieur de l’ellipse vous permettra d’en saisir les bonnes proportions. Comparez vos lettres au modèles et corrigez-les, il n’est vraiment pas constructif d’enchaîner vingt pages de « o » si l’on ne prend pas le temps d’analyser ses tracés afin de saisir ce qui cloche !
Si « minimum » était notre exercice, je trouve que la proposition de Meyrat de travailler sur « acacia » est tout simplement Géniale ! Excellent mot pour travailler les ellipses et le rythme calligraphique, pas à pas !
Les lettres bouclées peuvent au départ rester simples, en traçant seulement un plein (pour les lettres « b », « h », « k », « l »). Cependant, vous aurez à un moment besoin de pouvoir tracer les lettres « g » ou « j » par exemple ! Vous voilà donc lancé dans le travail des boucles. Ici encore, les fractions sont un outil réel : les boucles mesures 1 1/2 de plus que les lettres minuscules. Au départ, vous aurez tendance à ne pas les faire de la bonne longueur. Utilisez des lignes-guides en guise de repère, et comparez toujours vos tracés aux modèles sur lesquels vous vous exercez.
Les liaisons sont l’étape suivante : lorsque vous maîtrisez les lettres séparément, se pose le problème de les relier entre elles. Les liaisons diffèrent selon le type de lettre qui suit : s’il s’agit d’un plein avec un délié inférieur, la liaison se fait sur la ligne supérieure d’écriture. Si la lettre suivante est une lettre ovale, la liaison se joint au milieu de la ligne d’écriture.
Pour conclure ce premier article de calligraphie pas à pas avec Meyrat sur les minscules, voici le modèle d’alphabet lié. Prenez bien le temps d’observer assidument chaque proportion, chaque hauteur, chaque lettre, vous progresserez plus rapidement ! (Notez par exemple la hauteur du « t », ce tout petit ! Et celle du « p », qui déborde au-dessus ! L’aviez-vous remarqué ? !).
Prenez le temps de calligraphier chaque jour régulièrement, ne serait-ce que trois fois le même mot chaque jour. Analysez vos lettres en regard des modèles, voilà la recette pour embellir vos lettres de jour en jour !
Si vous souhaitez imprimer un modèle de lignes-guides, suivez le fil !