Les calligraphes sont réputés pour leur belle écriture ! Au travers des livres qui ont traversé le temps, nous voyons passer bon nombre de signatures de calligraphes & de graveurs. Il ne faut en effet jamais oublier que la calligraphie anglaise se développe après l’invention de l’imprimerie. Les maîtres écrivains de l’époque se sont ainsi saisi de cette invention pour créer les manuels visant l’enseignement de l’Art d’écrire. Chaque planche de calligraphie était ensuite confiée à un graveur. Et pour éviter les contre-façons, on sait depuis Durer qu’il faut signer !
Aujourd’hui, permettez-moi de vous faire découvrir ces signatures de calligraphes & de graveurs qui jalonnent les ouvrages dont nous sommes aujourd’hui les héritiers !
Les signatures du maître écrivain Rossignol & Baillieul, Glachant & Aubin
Entrons dans l’univers de Rossignol. Ce maître écrivain signe souvent par une simple initiale « R ». Les détails de planches qui suivent ont pour la plupart été gravées par Baillieul, certaines ont cependant été gravées par Aubin dont je vous montrerai les signatures ensuite. Cet ouvrage s’intitule Nouveau traité d’écriture , enrichi de plusieurs piéces gravées d’après le chef-d’œuvre de M. Rossignol, où l’on trouve ses démonstrations, selon les principes de M. Alais […] et a été publié à l’initative de Glachant, maître écrivain.
Regardons maintenant la signature de Glachant, qui reflète à merveille son esprit de simplicité dont je parle dans cet article sur la querelle des calligraphes !
Les signatures de l’écrivain François Nicolas Bedigis & du graveur Baisiez
Découvrons les signatures de ces deux artistes dans le livre L’Art d’écrire : démontré par des principes approdondis, et développés dans toute leur étendue : [estampe, modèles d’écriture] / par M. Bedigis publié en 1768 :
Aucun doute ne subsiste dans cet ouvrage : chacun est clairement identifié par la tâche qu’il a accompli concernant le livre (« écrit par » & « gravé par »), l’un à gauche en bas de la page, et le second à doite en bas de la page, en témoignent les lignes encadrant les signatures.
Ici encore, les signatures sont apposées en bas de page. L’harmonie qui règne entre ces deux signatures, à chaque pages tracées différemment, est honorable.
Les signatures peuvent parfois s’intégrer dans un ensemble d’entrelacs extrêmement riche, se fondant dans le dessin des traits de plume.
Les signatures du calligraphe Paul Berthollet & du graveur Lacoste
Ces signatures sont toutes issues du livre de 1813, Cours complet d’écritures batarde, ronde, & coulée par Paul Berthollet, professeur d’ecriture à Turin disponible sur le site Gallica.bnf que je vous invite à découvrir.
Pour reconnaître la signature d’un calligraphe, la mention « script » est souvent d’une aide précieuse, parfois abrégée en « St« .
Lorsqu’il s’agit de la signature du graveur, la mention « Sculpt » nous permet de nous assurer de sa fonction.
On constate que dans cet ouvrage, les deux hommes ont choisi de tracer des signatures différentes, afin d’illustrer leur talent dans les métiers qu’ils exercent l’un et l’autre. Souvent encerclée d’ornements appelés « Traits de plume », les deux signatures sont composées en harmonie et viennent équilibrer les bas de planche. Un vrai délice de virtuosité !
Voici quelques unes des signatures de calligraphes & de graveurs du passé qui ont su retenir mon attention & mon admiration. J’ose espérer que cela vous donnera des idées pour parfaire vos signatures lorsque le livreur de la grande enseigne numérique sonnera prochainement à votre porte & vous demandera, PROGRES oblige, de signer avec votre doigt sur un écran de 10 cm2… Une chose est sûre, lorsque les outils changent, les gestes aussi !